AVANT PROPOS  INTRODUCTION I. LES PRÉMICES D’UN GÉNOCIDE   II. LES LOGIQUES DE LA VIOLENCE III. LA MISE EN ŒUVRE DU GÉNOCIDE IV. L’HEURE DES BILANS V. LES MASSACRES D’ARMÉNIE VUS DE PARIS

 

 

V. LES MASSACRES D'ARMÉNIE VUS DE PARIS

 

 

 

1. UN TÉMOIN ENGAGÉ DE SON TEMPS :
L’ACTION DE PIERRE QUILLARD EN FAVEUR DES ARMÉNIENS


Pierre QuillardPierre QuillardAu tournant des 19e et 20e siècles, les mobilisations se succèdent en France, comme dans d’autres pays d’Europe occidentale, contre les violences de masse perpétrées contre des populations civiles au sein de l’Empire ottoman, comme en Bulgarie, en Macédoine et en Arménie à plusieurs reprises. Les massacres ordonnés par Abdülhamid II contre les Arméniens, entre décembre 1894 et 1896, lui valent en France les surnoms de « Sultan Rouge » et de « Saigneur d’Istanbul ». De nombreux intellectuels qui prennent au même moment la défense du capitaine Dreyfus s’engagent en faveur des droits et de la sauvegarde des Arméniens de l’Empire ottoman. Mais la mobilisation s’étend au-delà des clivages partisans, ralliant également des figures de la droite et de l’antidreyfusisme. L’action menée par Pierre Quillard, rédacteur en chef de la revue Pro Armenia, notamment lors de la préparation du Congrès international des Arménophiles de Bruxelles, en 1902, laisse entrevoir l’étendue des ramifications politiques et sociales de ces mobilisations.

 

 

 

 

Intervention de Jean Jaurès à la Chambre des députés,

en présence du ministre des Affaires étrangères Gabriel Hanotaux,

le 3 novembre 1896

 

 

Jean JaurèsJean JaurèsM. le ministre, j’ai admiré avec quel courage vous avez essayé, à cette tribune, de renverser les responsabilités ; j’ai entendu, contre ceux que vous appeliez les agitateurs arméniens au dehors, des paroles sévères et un avertissement où il y avait quelque menace. […] Et c’est contre eux, monsieur le ministre des Affaires étrangères de France, qu’au lendemain de ces massacres qui ont fait cent mille victimes, oubliant que c’est l’Europe qui a manqué à sa parole, c’est contre ces victimes que vous avez eu ici les paroles les plus sévères ! […] Il est inutile, à l’heure où nous sommes, d’étaler de nouveau devant la Chambre et devant le pays, trop longtemps indifférent ou peu averti, les horreurs qui ont été accumulées en Asie Mineure. […] Oui, messieurs, il a été accumulé contre les populations d’Asie Mineure un ensemble de faits dont on a pu dire qu’ils avaient à peine, à ce degré, quelques précédents. […] Et, lorsque, dans les rapports des délégués et de la commission d’Erzeroum chargés d’examiner les faits qui s’étaient produits à Sassoun, lorsque, dans les rapports officiels des consuls de l’Europe sur les faits des six principaux vilayets d’Asie Mineure, j’ai lu le détail des brutalités atroces commises de concert par les Kurdes et par la soldatesque du Sultan ; lorsque j’y ai vu les premières résistances de cette population arménienne, si longtemps moutonnière et passive, à l’arbitraire et aux pilleries des Kurdes ; lorsque j’y ai vu les premières rencontres sanglantes de ces nomades, dans les ravins et les bois, avec les pâtres et les laboureurs de l’Arménie, et la fureur soudaine des Kurdes, et la guerre d’extermination qui a commencé, et l’émigration des familles arméniennes partant de leurs maisons détruites par l’incendie ; et les vieillards portés sur les épaules, puis abandonnés en chemin et massacrés ; et les femmes et les mères affolées mettant la main sur la bouche de leurs enfants qui crient, pour n’être pas trahies par ces cris dans leur fuite sous bois, et les enfants cachés, tapis sous les pierres, dans les racines des arbres, et égorgés par centaines ; et les femmes enceintes éventrées, et leurs fœtus embrochés et promenés au bout des baïonnettes ; et les filles distribuées entre les soldats turcs et les nomades kurdes et violées jusqu’à ce que les soldats les ayant épuisées d’outrages les fusillent enfin en un exercice monstrueux de sadisme, avec des balles partant du bas-ventre et passant au crâne, le meurtre s’essayant à la forme du viol ; et le soir, auprès des tentes où les soldats et les nomades se livraient à la même orgie, les grandes fosses creusées pour tous ces cadavres, et les Arméniens fous de douleur qui s’y précipitaient vivants ; et les prêtres décapités, et leurs têtes ignominieusement placées entre leurs cuisses ; et toute cette population se réfugiant vers les hauts plateaux ; – et puis, lorsque tous ces barbares se sont aperçus que l’Europe restait indifférente, qu’aucune parole de pitié ne venait à ceux qu’ils avaient massacrés et violentés, la guerre d’extermination prenant tout à coup des proportions beaucoup plus vastes : et ce n’étaient plus de petits groupes qu’on massacrait, mais, dans les villes, par grandes masses de 3 000 et 4 000 victimes en un jour, au son du clairon, avec la régularité de l’exécution d’une sentence : voilà ce qui a été fait, voilà ce qu’a vu l’Europe ; voilà ce dont elle s’est détournée ! – et lorsque, je le répète, j’en ai vu le détail, il m’a semblé que toutes les horreurs de la guerre de Trente ans étaient déchaînées dans cet horizon oriental lointain et farouche.

Mais ce qui importe, ce qui est grave, ce n’est pas que la brute humaine se soit déchaînée là-bas ; ce n’est pas qu’elle se soit éveillée. Ce qui est grave, c’est qu’elle ne s’est pas éveillée spontanément ; c’est qu’elle a été excitée, encouragée et nourrie dans ses appétits les plus féroces par un gouvernement régulier avec lequel l’Europe avait échangé plus d’une fois, gravement, sa signature. Car c’est là ce qui domine tout : c’est le Sultan qui a voulu, qui a organisé, qui a dirigé les massacres. […] Et il a pensé, messieurs, et pensé avec raison, qu’il n’avait, pour aboutir dans ce dessein, qu’à mettre l’Europe devant le fait accompli, devant le massacre accompli. Il l’a vue hésitante, incertaine, divisée contre elle-même, et pendant que les ambassadeurs divisés, en effet, et impuissants le harcelaient, en pleine tuerie, de ridicules propos de philanthropie et de réformes, il achevait, lui, l’extermination à plein couteau, pour se débarrasser de la question arménienne, pour se débarrasser aussi de l’hypocrite importunité d’une Europe geignante et complice comme vous l’êtes. […] Et le Sultan lui-même voulait pouvoir prouver aux ambassadeurs, qui passaient au palais, sa bonne loi et la bonne foi de ses bons sujets ; et l’on exigeait des Arméniens, à l’heure même où leurs familles râlaient sous le meurtre, qu’ils attestassent que c’étaient eux les coupables, que c’étaient eux qui avaient commencé ; et il y a un de vos consuls qui raconte qu’un des principaux témoins a été torturé comme je vais vous dire : on lui trépanait doucement la tête, puis on y introduisait une coquille de noix ou de noisette remplie de poix et, dans l’intervalle des évanouissements successifs que provoquait cette atrocité, on lui disait : «Veux-tu maintenant signer que ce sont tes frères d’Arménie qui ont commencé ?» Voilà les témoignages que l’on apportait à l’Europe ! Voilà la vérité sur la responsabilité du Sultan !

 

[…] Messieurs, M. Clemenceau disait il y a quelques semaines, dans un article éloquent, qu’il y a un siècle, devant de pareils massacres, l’Europe entière n’eût pas hésité à faire appel à la France et que la France eût répondu. […] Quoi ! le silence complet, silence dans la presse, dont une partie, je le sais, directement ou indirectement, a été payée pour se taire, silence dans nos grands journaux, dont les principaux commanditaires sont les bénéficiaires de larges entreprises ottomanes, mais surtout silence du gouvernement de la France ! Quoi, devant tout ce sang versé, devant ces abominations et ces sauvageries, devant cette violation de la parole de la France et du droit humain, pas un cri n’est sorti de vos bouches, pas une parole n’est sortie de vos consciences, et vous avez assisté, muets et, par conséquent, complices, à l’extermination complète… […] Et alors, puisque les gouvernements, puisque les nations égarées par eux sont devenus incapables d’établir un accord élémentaire pour empêcher des actes de barbarie de se commettre au nom et sous la responsabilité de l’Europe, il faut que partout le prolétariat européen prenne en mains cette cause même. Il faut que partout il manifeste son indignation et sa volonté, et qu’il oblige ainsi les puissances misérables, qui, pour ne pas se dévorer entre elles, laissent assassiner tout un peuple, à accomplir leur devoir d’élémentaire humanité avec un ensemble qui supprimera toute possibilité de résistance et de conflit, et qui conciliera l’œuvre de paix et l’œuvre de justice. Tel est le sens de l’ordre du jour que nous avons remis à M. le président et que je prie la Chambre de voter.

 

 

 

La question d'OrientPour la première fois, Jaurès s’exprime sur les massacres d’Arménie devant la représentation nationale, alors qu’il n’est guère accoutumé à y prendre la parole sur des sujets de politique étrangère. Son discours qui attaque frontalement le ministre des Affaires étrangères Gabriel Hanotaux, dénonce les atermoiements, le cynisme et les calculs de la politique du gouvernement français vis-à-vis du sultan Abdülhamid II. Il s’en prend dans un même élan à la presse française, accusée de taire ou de minorer les massacres en raison des subsides qu’elle reçoit de la Sublime Porte. Contribuant à un changement dans l’attitude des journaux français à l’égard de ces événements, ce discours de Jaurès fait date dans la genèse du mouvement arménophile en France. On en retrouve les échos dans le pamphlet de Pierre Quillard et Louis Margery sur La Question d’Orient et la politique personnelle de M. Hanotaux, publié l’année suivante, en 1897.

 

 

Pierre Quillard, l’âme de Pro Armenia, arménophile infatigable


 Pour l'ArménieMilitant dreyfusard, proche de Bernard Lazare et de Francis de Pressensé, Pierre Quillard est l’un des arménophiles français les plus actifs au tournant des 19e et 20e siècles, vice-président puis secrétaire-général de la Ligue des droits de l’Homme. Il cofonde la revue Pro Armenia en 1900, dont il devient le rédacteur en chef jusqu’à sa mort, en 1912. L’organisation du premier congrès arménophile international à Bruxelles en 1902, qu’il coordonne, donne à voir concrètement les pratiques, les ressorts et les ramifications de l’action militante entreprise en France contre les massacres d’Arménie.

 

Transcription de la lettre de Pierre Quillard à Malachia Ormanian 

 

Brouillon de la lettre adressée par Pierre Quillard à Malachia OrmanianV.1.5 2V.1.5 3V.1.5 4« Vous avez reçu ou vous recevrez prochainement, dans des conditions d’entière sécurité et discrétion, le premier numéro d’un journal bi-mensuel “Pro Armenia” que je publie à la demande d’un grand nombre de vos compatriotes, avec la collaboration et sous le patronage de mes illustres maîtres et amis Georges Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès, Francis de Pressensé, E. [Eugène] de Roberty. Le premier en Europe, dans la Revue de Paris, j’ai divulgué les horreurs de Sasoun, dans un article signé Maurice Leveyre par mesure de précaution : car je retournais en Turquie. J’avais en main alors tous les rapports patriarcaux. Depuis ce moment je n’ai cessé par parole et par la plume de prendre la défense de votre malheureuse nation. […] Je viens donc vous demander de m’aider dans mon œuvre en me communiquant, ainsi qu’il en était du temps de Mgr Ismirlian, les rapports venant de province à votre patriarcat et relatant les vexations de toute sorte dont sont victimes vos nationaux, notamment le dernier rapport de l’évêque de Moush. Ces documents sont de nature plus que toute rhétorique à soulever l’indignation publique. Je sais fort bien que vous êtes dans une situation très difficile et je ne voudrais point aggraver vos ennuis : aussi vous demanderai-je non point de répondre à cette lettre, mais de m’envoyer, sous pli recommandé à l’adresse ci-dessous les documents les plus intéressants : vous pouvez être certain que la provenance n’en sera pas divulguée par moi ; il me serait extrêmement douloureux d’être arrêté dans l’œuvre entreprise ou tout au moins fort gêné par un refus de votre fait. J’ai souffert depuis six ans de toutes les souffrances de votre race ; je donne en ce moment le meilleur de mon activité à lui venir en aide : vous ne pouvez me refuser l’assistance que je vous demande, sans porter un grave préjudice au peuple que vous représentez. »

 

 

Éditorial de la rédaction du premier numéro du journal bimensuel Pro Armenia, 25 novembre 1900Fondée en 1900 sous l’impulsion du docteur Loris-Mélikoff, lequel est alors chargé de la propagande de la fédération révolutionnaire arménienne (FRA, ou parti tachnag) en France, Pro Armenia est dotée d’un comité de rédaction prestigieux qui réunit Georges Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès, Francis de Pressensé et Eugène de Roberty, avec également la participation de Pierre Quillard comme rédacteur en chef et celle du socialiste Jean Longuet comme secrétaire de rédaction. La revue paraît sans interruption jusqu’en octobre 1908. Elle publie des nouvelles sur la situation des Arméniens dans les provinces de l’Empire ottoman mais aussi sur les exactions commises par les armées du sultan en Europe, comme en Macédoine. Elle diffuse également les proclamations de la FRA, dont elle tire une partie de ses financements. La prise du pouvoir par les jeunes-turcs accompagnée de la proclamation de la Constitution qui prive le sultan Abdülhamid de ses pouvoirs, en 1908, change alors la donne. La revue est mise en sommeil pendant les premières années du régime jeune-turc, passant pour progressiste, allié de la FRA et qui suscite espoirs et sympathie chez une grande partie des arménophiles français. Toutefois en décembre 1912, alors que les guerres balkaniques dépossèdent l’Empire ottoman de ses derniers territoires en Europe, la revue paraît de nouveau sous le titre Pour les peuples d’Orient, avec pour sous-titre Organe des revendications arméniennes, sous l’impulsion de Jean Longuet qui en assure toujours le secrétariat de rédaction.

Pierre Quillard décédé, comme d’autres arménophiles historiques tels Élisée Reclus ou Anatole Leroy-Beaulieu, la publication est désormais dirigée par Francis de Pressensé, alors président de la Ligue des droits de l’Homme, par Victor Bérard et par Jean Longuet qui en assure toujours le secrétariat de rédaction. C’est Mikaël Varandian, déjà rédacteur du journal Drochak, organe du parti tachnag, qui prend la succession de Pierre Quillard comme rédacteur en chef. La revue paraît de nouveau brièvement sous son ancien titre Pro Armenia, du 10 décembre 1913 au 10 juillet 1914, avant de s’éteindre tout à fait pendant la Grande Guerre.

 

 

LA FABRIQUE DU MILITANTISME

L’organisation du premier Congrès international des arménophiles (Bruxelles, 1902)

 

L’adhésion des députés et autres figures de la vie politique


V.1.8V.1.9Verso du bulletin d’adhésion au Congrès international des Arménophiles de Bruxelles, 1902, rédigé par Pierre Quillard sur papier à en-tête de la revue Pro ArmeniaV.1.10 1V.1.10 2V.1.10 3V.1.10 4V.1.10 5V.1.10 6V.1.10 7V.1.10 8V.1.10 9V.1.10 10Dans sa quête de soutiens et d’adhésions au congrès international des arménophiles de Bruxelles, Pierre Quillard trouve un soutien appréciable parmi les hommes politiques issus de la gauche parlementaire, socialistes, radicaux ou anciens communards, et au sein des milieux qui s’étaient montrés favorables à la défense du capitaine Alfred Dreyfus. Mais il essaye d’élargir cette assise et n’hésite pas à solliciter les adhésions de personnalités issues de l’Église (comme Paul-Hyacinthe Loyson, ancien évêque catholique excommunié devenu prédicateur) ou même de la droite antidreyfusarde et antirépublicaine, comme Jules Lemaître.

 

 

Grandes personnalités intellectuelles et universitaires


bulletins d’adhésion des intellectuels et universitairesV.1.11 2V.1.11 3V.1.11 4V.1.11 5V.1.11 6V.1.11 7V.1.11 8V.1.11 9Dans le monde intellectuel et académique, l’appel de Quillard réunit de nombreux adhérents représentant des disciplines très diverses, dont plusieurs membres de l’Institut ou professeurs au Collège de France.

À noter la présence de l’historien républicain Ernest Lavisse, du géographe anarchiste Élisée Reclus, du juriste pacifiste Frédéric Passy, ancien député et récipiendaire du premier prix Nobel de la Paix en 1901 (avec Henri Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge), ou encore de Charles Gide, membre de la Ligue des droits de l’Homme et théoricien de l’économie sociale.

 

 

Hauts fonctionnaires, hommes de presse, industriels, médecins


Bulletins d’adhésion au Congrès international des Arménophiles de Bruxelles (1902) V.1.12 2V.1.12 3V.1.12 4V.1.12 5V.1.12 6V.1.12 7V.1.12 8V.1.12 2V.1.12 3V.1.12 4V.1.12 5V.1.12 6V.1.12 7V.1.12 8Les adhésions au congrès des arménophiles de Bruxelles témoignent de la vaste palette des réseaux sollicités par Pierre Quillard, qui vont bien au-delà des cercles politiques. On y trouve des agents de la haute administration, des journalistes, des critiques, des artistes, des industriels ou encore des médecins. En particulier, le rôle de Jean Loris-Mélikoff dans la création de Pro Armenia explique sans doute l’adhésion de plusieurs membres de l’institut Pasteur, où il fut un des élèves d’Émile Roux et d’Alexandre Yersin, au groupement arménophile constitué par Quillard.

 

 

DANS LES COULISSES DE LA MOBILISATION

 

 

Lettre de Denys Cochin à Pierre Quillard du 19 juillet 1902,


V.1.13 2V.1.13 3Lettre de Denys Cochin à Pierre Quillard du 19 juillet 1902, dans laquelle il explique les raisons de son absence au congrès des Arménophiles de Bruxelles, qu’il justifie par la présence à ce congrès de personnalités politiques ayant voté la fermeture d’écoles religieuses en France :


« Et je n’irai pas, à l’étranger, prononcer des harangues humanitaires, côte à côte avec des Français qui approuvent et applaudissent chez nous de pareils attentats. On ne massacre pas, comme chez les Kurdes ; c’est vrai. Mais on met sur le pavé six mille religieuses qui ne peuvent trouver dans leurs maisons mères ni pain ni abri. On ferme leur école à 150 000 enfants, auxquels l’État et les communes n’ont ni places ni maîtres à offrir. »

 

 

Lettre d’Albert de Mun à Pierre Quillard du 18 juillet 1902


V.1.14 2Lettre d’Albert de Mun à Pierre Quillard du 18 juillet 1902 dans laquelle il explique les raisons, « malgré toute [s]a sympathie pour la cause arménienne », de son refus d’adhérer au congrès arménophile de Bruxelles, qu’il justifie par l’incompatibilité des « principes de la civilisation chrétienne », qu’il dit défendre, avec les positions anticléricales exprimées en France par les organisateurs de ce rassemblement.


 

 

 


Brouillon d’une lettre de Pierre Quillard du 23 juillet 1902 probablement adressée à Albert de Mun (ou à Denys Cochin ?) en réponse à sa missive du 18 juillet 1902


. Brouillon d’une lettre de Pierre Quillard du 23 juillet 1902« Vous savez avec quels scrupules les rédacteurs de Pro Armenia, quelles que soient leurs idées personnelles, se sont toujours interdit, dans ce journal neutre, toute incursion dans le domaine de la politique intérieure. J’y publierai donc votre lettre sans me permettre, là, aucun commentaire. Mais j’espère que vous ne tarderez pas à regretter la décision que vous avez prise. Quand vous pourrez apprécier avec plus de sang-froid les événements présents vous reconnaîtrez qu’il n’est point entre eux et les massacres d’Arménie de commune mesure. Vous vous direz aussi que d’autres Français qui furent depuis quatre ans couverts des plus abominables calomnies, accusés de s’être vendus à l’étranger, mis parfois en danger de mort dans leur propre pays ne se sont pas demandé si parmi les défenseurs des Arméniens il ne se trouvait pas certains de leurs plus implacables adversaires. Comme eux alors vous oublierez les discordes civiles pour défendre ainsi que naguère et par une action commune, une cause d’humanité générale. Vous ne voudrez pas leur laisser l’honneur d’élever seuls désormais la voix – leur voix de mécréants – en faveur de ces chrétiens d’Orient dont trois cent mille déjà ont péri sans que l’Europe chrétienne et civilisée soit intervenue jusqu’ici et vous les aiderez à sauver les survivants de ces boucheries sans nom, avant que l’Égorgeur n’ait achevé son œuvre. »

 

 


Lettre du prédicateur Hyacinthe Loyson à Pierre Quillard du 2 juillet 1902 V.1.16 2Lettre du prédicateur Hyacinthe Loyson à Pierre Quillard du 2 juillet 1902 par laquelle il adhère au congrès des arménophiles de Bruxelles et le félicite de la manière dont Pro Armenia défend « les droits d’une nation si cruellement opprimée par le Sultan et si lâchement abandonnée par l’Europe ».

 

 

Lettre de Camille Bloch, archiviste et député du Loiret, à Pierre Quillard


Lettre du prédicateur Hyacinthe Loyson à Pierre Quillard du 2 juillet 1902 Lettre de Camille Bloch, archiviste et député du Loiret, à Pierre Quillard, datée du 29 juin 1902, par laquelle il déclare adhérer au congrès des arménophiles de Bruxelles.


 

 

V.1.18 1


Lettre du prédicateur Hyacinthe Loyson à Pierre Quillard du 2 juillet 1902 Lettre d’Henri Lafontaine (juriste et pacifiste belge, prix Nobel de la Paix 1913) Lettre d’Henri Lafontaine (juriste et pacifiste belge, prix Nobel de la Paix 1913) à Pierre Quillard du 24 juin 1902 par laquelle il l’informe du refus de la ville de Bruxelles de mettre à la disposition du congrès des arménophiles une salle où se tiendrait une réunion à « caractère politique. […] Nous sommes sur la pente de la réaction. Dans mon noble pays : on a peur du courroux du maître. C’est à vous dégoûter d’être belge ! »


 

 

Lettre d’Élisée Reclus à Pierre Quillard du 13 juin 1902


Lettre du prédicateur Hyacinthe Loyson à Pierre Quillard du 2 juillet 1902 Lettre d’Élisée Reclus à Pierre Quillard du 13 juin 1902, par laquelle il exprime son désabusement quant à l’efficacité politique d’une réunion comme le congrès de Bruxelles : « Évidemment vous êtes l’interprète des Arméniens dans cette œuvre du Congrès. Ils désirent que cette réunion ait lieu et ils en attendent quelque résultat. Cela suffit pour que je réponde affirmativement à votre appel. Mais je vous avoue que je n’attends rien de sérieux d’une réunion qui “se proposera principalement de porter la question arménienne devant les parlements d’Europe”. Les Parlements d’Europe continueront de parler et de parloter et de parlementer et le Sultan Rouge, prenant acte de l’inutilité de leur verbiage, n’en sentira que plus de plaisir à tuer et à faire tuer ».


 

 

LES MILLE VV.1.20 2V.1.20 3ISAGES DE L'ENGAGEMENT


Lettre du prédicateur Hyacinthe Loyson à Pierre Quillard du 2 juillet 1902 V.1.20 2V.1.20 3V.1.21 1V.1.21 3V.1.21 5V.1.21 6V.1.21 7V.1.21 8V.1.21 10V.1.21 11V.1.21 12V.1.21 13V.1.21 14V.1.21 15V.1.21 16V.1.21 17V.1.21 18V.1.21 19V.1.21 20V.1.21 21V.1.21 22V.1.21 23V.1.21 24V.1.21 25V.1.21 26V.1.21 27V.1.21 28V.1.21 29V.1.21 30V.1.21 31V.1.21 32V.1.21 33V.1.21 34V.1.21 35V.1.21 36V.1.21 37V.1.21 38V.1.21 39V.1.21 40V.1.21 41V.1.21 42V.1.21 43V.1.21 44V.1.21 45V.1.21 46V.1.21 47V.1.21 48V.1.21 49V.1.21 50V.1.21 51V.1.21 52V.1.21 53V.1.21 54V.1.21 55V.1.21 56V.1.21 57V.1.21 58V.1.21 59Signatures autographes recueillies au congrès des arménophiles de BruxellesL’organisation du congrès de Bruxelles est le fruit d’une collaboration entre divers groupements arménophiles à l’échelle européenne : au Danemark, en Allemagne, Autriche-Hongrie, Angleterre, Russie, Belgique, Suisse, Italie, Norvège et Suède notamment. En France, les signatures de soutien à l’organisation du congrès recueillies par Pierre Quillard laissent entrevoir l’étendue des milieux professionnels et sociaux touchés par la mobilisation en faveur des Arméniens. Aux côtés de nombreux hommes politiques de premier plan, comme Jean Jaurès, Georges Clemenceau, Aristide Briand, et de figures du mouvement arménophile comme Séverine, Jean Longuet, Francis de Pressensé, Bernard Lazare ou encore Élisée Reclus, on y trouve des figures du monde académique et universitaire, comme l’historien Gabriel Monod et de nombreux universitaires et enseignants, d’anciens ministres et diplomates, journalistes et rédacteurs de presse, avocats et juristes. Fait significatif, la mobilisation possède aussi une dimension populaire et recueille les signatures de nombreux artisans, petits commerçants, employés, ouvriers et ouvrières.


 

 

Cliquez pour voir "Les signatures des adhérents au congrès des arménophiles de Bruxelles."

 

 

 

Supplément spécial du quotidien francophone StamboulRÉCEPTION ET POSTÉRITÉ DE L'ACTION DE DE PIERRE QUILLARD


Lettre du prédicateur Hyacinthe Loyson à Pierre Quillard du 2 juillet 1902 V.1.20 2V.1.20 3V.1.21 1V.1.21 3V.1.21 5V.1.21 6V.1.21 7V.1.21 8V.1.21 10V.1.21 11V.1.21 12V.1.21 13V.1.21 14V.1.21 15V.1.21 16V.1.21 17V.1.21 18V.1.21 19V.1.21 20V.1.21 21V.1.21 22V.1.21 23V.1.21 24V.1.21 25V.1.21 26V.1.21 27V.1.21 28V.1.21 29V.1.21 30V.1.21 31V.1.21 32V.1.21 33V.1.21 34V.1.21 35V.1.21 36V.1.21 37V.1.21 38V.1.21 39V.1.21 40V.1.21 41V.1.21 42V.1.21 43V.1.21 44V.1.21 45V.1.21 46V.1.21 47V.1.21 48V.1.21 49V.1.21 50V.1.21 51V.1.21 52V.1.21 53V.1.21 54V.1.21 55V.1.21 56V.1.21 57V.1.21 58V.1.21 59V.1.23V.1.24Supplément spécial du quotidien francophone Stamboul (Istanbul), daté du 2 janvier 1909, annonçant la tenue d’un « Banquet en l’honneur de Pierre Quillard », au cours duquel prend la parole l’avocat et député au Parlement ottoman Krikor Zohrab. Rédacteur en chef de Pro Armenia, fer de lance de l’opposition au sultan Abdülhamid II, Quillard est invité à Istanbul après l’instauration du régime jeune-turc.


 

 

2. DE LA RÉCEPTION DES MASSACRES DE 1896 ET1909 À CELLE DU GÉNOCIDE DE 1915


V.1.21 5V.1.21 6V.1.21 7V.1.21 8V.1.21 10V.1.21 11V.1.21 12V.1.21 13V.1.21 14V.1.21 15V.1.21 16V.1.21 17V.1.21 18V.1.21 19V.1.21 20V.1.21 21V.1.21 22V.1.21 23V.1.21 24V.1.21 25V.1.21 26V.1.21 27V.1.21 28V.1.21 29V.1.21 30V.1.21 31V.1.21 32V.1.21 33V.1.21 34V.1.21 35V.1.21 36V.1.21 37V.1.21 38V.1.21 39V.1.21 40V.1.21 41V.1.21 42V.1.21 43V.1.21 44V.1.21 45V.1.21 46V.1.21 47V.1.21 48V.1.21 49V.1.21 50V.1.21 51V.1.21 52V.1.21 53V.1.21 54V.1.21 55V.1.21 56V.1.21 57V.1.21 58V.1.21 59V.1.23V.1.24

Les réceptions en France des événements de 1915 sont multiples. D’une part elles s’inscrivent dans la continuité du travail de sensibilisation de l’opinion publique et du sentiment de révolte exprimé à maintes reprises par des arménophiles « historiques », au nombre desquels on retrouve bien sûr des figures de la génération de Pro Armenia, ainsi que de nombreux intellectuels et hommes politiques alertés par l’activisme inépuisable du poète Archag Tchobanian. Dès l’exécution du vaste plan de déportation et de liquidation mis en place par les jeunes-turcs, de premiers témoignages sans équivoques sont publiés à Paris et ailleurs en Europe. Parfaitement informés de la situation sur le terrain, les gouvernements des États de la Triple Entente dénoncent, dès le 24 mai 1915, les massacres opérés dans le vilayet de Van, qu’ils qualifient de « nouveau crime commis par la Turquie contre l’humanité et la civilisation », avertissant « la Sublime Porte qu’ils en tiendront personnellement responsables tous les membres du gouvernement ottoman ainsi que ceux des fonctionnaires qui auraient participé au massacre des Arméniens ».

Cependant, le contexte d’une guerre dans laquelle la France est totalement investie n’aide pas à la lecture par le grand public des crimes de masse commis par le gouvernement jeune-turc contre les Arméniens. Une partie des ouvrages publiés en faveur des Arméniens pendant la guerre et dans l’immédiat après-guerre prennent pour cible les « Turcs sanguinaires » pour mieux dénoncer la complicité de l’Allemagne, alliée de l’Empire ottoman. Dans le même temps, la presse française n’accorde que peu de place aux « massacres d’Arménie », se focalisant davantage sur les opérations militaires sur le front du Caucase, ou sur les exactions commises contre les civils en Belgique et dans les territoires français occupés, ou encore celles commises par les Austro-Hongrois contre la Serbie alliée. Le changement d’échelle et de nature des tueries de 1915, constitutifs du crime de génocide défini plus tard par Raphael Lemkin, ne sont pas toujours perçus et les événements du temps présent sont souvent analysés à l’aune des « massacres de chrétiens en Orient » auxquels le grand public est déjà sensibilisé depuis le milieu du 19e siècle.


 

 

LES ARMÉNOPHILES "HISTORIQUES"


Lettre du prédicateur Hyacinthe Loyson à Pierre Quillard du 2 juillet 1902 V.1.20 3V.1.21 1V.1.21 3V.1.21 5V.1.21 6V.1.21 7V.1.21 8V.1.21 10V.1.21 11V.1.21 12V.1.21 13V.1.21 14V.1.21 15V.1.21 16V.1.21 17V.1.21 18V.1.21 19V.1.21 20V.1.21 21V.1.21 22V.1.21 23V.1.21 24V.1.21 25V.1.21 26V.1.21 27V.1.21 28V.1.21 29V.1.21 30V.1.21 31V.1.21 32V.1.21 33V.1.21 34V.1.21 35V.1.21 36V.1.21 37V.1.21 38V.1.21 39V.1.21 40V.1.21 41V.1.21 42V.1.21 43V.1.21 44V.1.21 45V.1.21 46V.1.21 47V.1.21 48V.1.21 49V.1.21 50V.1.21 51V.1.21 52V.1.21 53V.1.21 54V.1.21 55V.1.21 56V.1.21 57V.1.21 58V.1.21 59

 

 


LE DOSSIER PIERRE LOTI

 

Éprouvant le besoin de justifier son admiration pour la Turquie, alors ennemie de la France, l’écrivain Pierre Loti répond dans Les massacres d’Arménie à ceux qui l’accusent d’en faire l’apologie. Ses prises de position lui valent de nombreuses critiques.


Extraits de Les massacres d’Arménie (Pierre Loti, Paris, Calmann-Lévy, 1918, pp. 17-32)

V.2.8 bisV.2.9V.2.10V.2.11Arborer un tel titre sur cette brochure, équivaut pour moi à déployer un petit étendard de guerre, – guerre contre les idées fausses les plus enracinées, contre les préjugés les plus indestructibles. [...] Il y a des années cependant que j’hésitais à aborder de front ce sujet sinistre, retenu par une pitié profonde malgré tout pour cette malheureuse Arménie qui a vraiment subi des répressions par trop disproportionnées à ses fautes... Ces effroyables massacres, des esprits malveillants se figurent, paraît-il, que j’ai la naïve impudence d’essayer de les nier, d’autres me méconnaissent jusqu’à croire que je les approuve ! [...] Pauvres Turcs ! Mais ils ont, hélas ! si je puis dire ainsi, les défauts de leurs qualités ; auprès de leurs vertus antiques, ils ont tout à coup le fanatisme aveugle, dès que l’Islam est plus directement menacé, dès que le Khalife a levé l’étendard vert et jeté l’appel d’alarme [...]. Et ils savent aussi que ces malheureux Arméniens ne cesseront pas, même aux heures les plus tranquilles, d’être contre eux de funestes et hypocrites délateurs. [...] Hélas ! oui, les Turcs ont massacré ! Je prétends toutefois que le récit de leurs tueries a toujours été follement exagéré et les détails, enlaidis à plaisir ; je prétends aussi, – et personne là-bas n’osera me contredire, que la beaucoup plus lourde part des crimes commis revient aux Kurdes dont je n’ai jamais pris la défense [...] [17 lignes du texte sont censurées dans l’édition de 1918] ...Jusque dans les villages les plus perdus, jusqu’au fond des campagnes, on les trouve, ces Arméniens prêtant à la petite semaine, et bientôt il faut, pour les rembourser, vendre les bœufs et la charrue, et puis la terre, et puis la maison familiale. Tout cela, il va sans dire, augmente l’exaspération qu’ils causent déjà par ce rôle qu’on leur attribue, non sans raison, d’être de continuels délateurs qui excitent contre l’Islam tous les chrétiens, catholiques ou orthodoxes, et qui ameutent tout l’Occident contre la patrie turque. [...] Mais tous ces griefs – et tant d’autres encore – sont-ils des raisons pour les exterminer ? A Dieu ne plaise qu’une telle idée m’ait effleuré un instant ! [...] je ne puis penser sans une spéciale mélancolie à ces femmes massacrées qui, pour la plupart sans doute, avaient d’admirables yeux de velours... [...]

 

 

EN TEMPS DE GUERRE, CONTRE L'ENNEMI : UNE DÉFENSE OPPORTUNISTE DES ARMÉNIENS


. René Pinon, La suppression des Arméniens, méthode allemande-travail turcV.2.13V.2.14V.2.15V.2.16V.2.17V.2.18Dans son livre au titre très explicite, La suppression des Arméniens : méthode allemande, travail turc, le journaliste René Pinon assimile les massacres de 1915 à la mise en application de méthodes de guerre qui seraient propre au militarisme allemand. La dénonciation des massacres s’inscrit ici dans la nécessaire œuvre de propagande contre le pangermanisme et contre les puissances centrales, censées agir à l’opposé des valeurs du monde civilisé qu’entendent incarner les Alliés. C’est également René Pinon qui préface l’édition française du livre du pasteur allemand Johannes Lepsius, parue à Paris dès le lendemain de la guerre. C’est aussi dans ce contexte politique global que se situent les manifestations publiques en faveur de l’Arménie et du peuple arménien, en présence de membres du gouvernement français et du chef de la Délégation nationale arménienne, Boghos Nubar, alors même que se négocient à Paris les traités de paix et le redécoupage des frontières de l’Europe et du Proche-Orient.

 

 

 DES "MASSACRES DE CHRÉTIENS EN ORIENT" AU "CRIME DE LÈSE-HUMANITÉ"

Une du Petit Journal, no 1303 du 12 décembre 1915 V.2.20V.2.21V.2.22V.2.23V.2.24V.2.25V.2.26V.2.27V.2.28V.2.29Au moment même de l’exécution du plan d’anéantissement des Arméniens, des témoignages de première main sont publiés en France et en Europe, tandis que des réunions publiques continuent à être organisées en faveur de l’Arménie, malgré le contexte de guerre qui absorbe toutes les attentions et les énergies. Dès 1920 paraît à Paris la traduction de l’ouvrage d’Aram Andonian sur les Documents officiels concernant les massacres des Arméniens. Cependant le traitement des massacres dans la presse française et une partie des publications de l’après-guerre témoignent de ce que le caractère nouveau des crimes commis en 1915 n’a pas été perçu par l’ensemble des acteurs, et qu’il s’inscrivent toujours, pour une part du grand public, dans la continuité des persécutions contre les chrétiens en Orient.

 

Le Petit Journal publie en première page à l’identique, en 1915, la gravure couleur qu’il avait affichée en une de son édition du 2 mai 1909 : les deux événements sont interprétés, à six années de distance, comme s’ils étaient de natures équivalentes. L’illustration est à chaque fois publiée sans contextualisation : « Massacre de Chrétiens en Orient ».